La Grippe aviaire

 

La grippe aviaire est une infection due à un orthomyxovirus qui touche les oiseaux (les vétérinaires préfèrent utiliser le terme de « peste aviaire » pour la définir). Ces virus peuvent dans certains cas infecter l’Homme.

Au sein des orthomyxovirus, responsables de la grippe (les virus influenzae) on distingue les virus de type A, B et C. Les virus de type B et C n’infectent que l’Homme, alors que les virus de type A peuvent infecter l’Homme et plusieurs espèces animales. Les virus de type A possèdent à leur surface des structures particulières :

  • L’Hémagglutinine. Elle permet au virus de se fixer au niveau d’une cellule et d’y pénétrer. Il en existe 16 types différents (référencés H1 à H16).
  • La Neuraminidase. C’est grâce à cette enzyme que le virus, après s’être multiplié dans une cellule, peut se libérer. Il en existe 9 types différents (référencés de N1 à N9).
Symptômes de la Grippe aviaire

La symptomatologie d’une grippe aviaire peut se borner à celle d’une grippe commune si l’envahissement par les virus se cantonne à l’arbre bronchique :

  • La grippe est l’exemple même d’une maladie localisée à l’arbre respiratoire, bien qu’on observe des signes diffus et intenses. Le virus grippal pénètre dans l’organisme par inhalation et se multiplie aussitôt dans l’arbre respiratoire cilié qui va du nez jusqu’aux bronchioles.
  • L’infection ne va pas au delà, dans les formes habituelles. Le virus ne se multiplie pas dans l’alvéole. Donc la multiplication virale reste localisée à la porte d’entrée de l’organisme. D’où la brièveté de l’incubation (1 à 3 jours) et les signes respiratoires.

Cette multiplication locale donne une nécrose de l’épithélium respiratoire cilié, donc des lésions intenses, mais réversibles. Cette nécrose s’accompagne d’hypersécrétion de mucus bronchique. La nécrose explique la toux et les signes généraux intenses. Il est habituel qu’une nécrose tissulaire donne de la fièvre, de plus les protéines virales par elles-mêmes sont pyrogènes. Les manifestations du syndrome grippal sont bruyantes. Le patient frissonne avec de la fièvre à 39-40°c. Il est très asthénique. Il se plaint de maux de tête, de douleurs musculaires et articulaires, qui sont en fait la traduction d’un syndrome inflammatoire particulièrement important. C’est l’intensité des signes généraux, qui oriente en général le diagnostic de la grippe. Dans le cas de la grippe aviaire à H5N1, on a observé, chez l’Homme, une nécrose intense et étendue de l’épithélium bronchique et un œdème pulmonaire lésionnel amenant à une insuffisance respiratoire aiguë apparaissant quelques jours après le début d’une grippe. De plus, chez les sujets qui sont décédés, une défaillance polyviscérale a été constatée car le virus s’est alors révélé capable d’envahir d’autres organes que les cellules des bronches (foie, cœur, rein, cerveau…).

Traitement et prévention

Traitement :

Le traitement de la grippe (quelle soit aviaire ou commune) est en premier lieu symptomatique. La fièvre et les douleurs sont traitées par des anti-inflammatoires et des antalgiques. Dans le cas de la grippe aviaire (peu souvent dans le cas de la grippe commune) on administre des antiviraux : l’Oseltamivir (Tamiflu®) étant le plus connu. Il faut noter que ces médicaments, pour être efficaces, nécessitent que le traitement soit instauré rapidement (au plus tard 36h après le début des symptômes) et amènent une diminution des symptômes et non une disparition totale de ceux-ci. Il faut également noter que Tamiflu® peut également être administré en traitement prophylactique en post-exposition, c’est-à-dire pour éviter l’apparition des symptômes après contact avec un cas de grippe.

Prévention :

En cas de grippe commune (celle que l’on connaît tous les hivers sous nos climats), la première mesure prophylactique est l’administration du vaccin qui contient les virus qui se sont révélés les plus actifs les mois précédents. C’est en Février de chaque année que la composition du vaccin est déterminée sur la base des informations des laboratoires chargés de la surveillance de l’évolution des virus grippaux à travers le monde. Le vaccin est alors fabriqué de février à septembre (date à laquelle on le trouve en pharmacie). Il contient systématiquement un virus de type A/H1N1, un de type A/H3N2 et un de type B.

Dans le cas de la grippe aviaire, le virus devant encore muter pour être capable de provoquer une pandémie, il serait inutile de produire en masse, actuellement, un vaccin contre les virus aviaires qui déciment les élevages de volailles. Il serait inefficace. En effet, notre système immunitaire, même s’il était entraîné (par vaccination) à reconnaître et à lutter contre ces virus, serait incapable de contrer efficacement le virus muté responsable de la pandémie. La fabrication du vaccin contre la pandémie ne pourra donc être commencée que le jour où le virus pandémique sera apparu (il faudra plusieurs semaines à plusieurs mois avant qu’il ne soit disponible). Toutefois, les chercheurs et fabricants de vaccins “s’entraînent”, à produire un vaccin prototype à partir de virus aviaires, de telle manière que les délais de fabrication soient les plus courts possibles le jour où le virus muté apparaîtrait.

En caricaturant, on peut donc résumer la prophylaxie de la manière suivante :

  • en cas de grippe commune, la première mesure de prévention est la vaccination ; puis,pour les sujets non vaccinés qui sont en contact avec des grippés, on peut administrer des antiviraux et, si l’épidémie devient importante, on peut inviter la population à porter des masques.
  • en cas de pandémie grippale due à un virus aviaire, la première mesure sera de porter des masques, d’administrer des antiviraux. La vaccination n’interviendra, chronologiquement, qu’en troisième rang

En dehors des moyens qui concernent directement l’Homme, d’autres mesures sont envisagées et, pour certaines, mises en place afin de limiter la rencontre virus aviaire-virus humain, nécessaire à l’apparition du virus recombiné tant redouté :

  • vaccination des volailles,
  • surveillance des élevages et destruction de ceux où sont découverts des oiseaux infectés,
  • surveillance des oiseaux migrateurs et confinement des élevages pouvant être exposés à un contact avec des oiseaux migrateurs potentiellement porteurs du virus.

En conclusion, quelles que soient les mesures prises, si une pandémie se déclare, elle pourrait occasionner des pertes importantes dans la population humaine et avoir de lourds retentissements sur notre société. Si vous vous rendez dans une région où il existe un risque de grippe aviaire :

  • évitez les endroits à risque élevé, comme les fermes d’élevage de volaille et les marchés d’animaux vivants ;
  • évitez tout contact direct avec les oiseaux, notamment les poules, poulets, canards et oiseaux sauvages ;
  • évitez les surfaces contaminées par des excréments ou des sécrétions d’oiseaux ; observez les règles d’hygiène des mains et d’hygiène alimentaire.