Lutter contre les maladies cardiovasculaires

 

Le nombre de maladies cardiovasculaires ne cesse d’augmenter. En France, on déplore chaque année 150 000 décès d’origine cardiovasculaire. 500 000 cas d’insuffisance cardiaque sont comptabilisés, ainsi que 120 000 infarctus du myocarde. Dans le monde, ces maladies sont la première cause de mortalité.

Afin de pallier ces pathologies, de nombreuses équipes de chercheurs, à l’Institut Pasteur de Lille, se mobilisent afin de lutter contre ces maladies qui empêchent de bien vieillir.

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Prendre soin de son coeur

Il est crucial de prendre soin de son cœur. Des études ont démontré qu’à 50 ans, 1 homme sur 10 a un cœur trop âgé. Le cœur a, en moyenne, une décennie d’avance sur l’âge de la personne. Un cœur vieillissant ou malade a plus de difficulté à se contracter. Il s’essouffle, il essaye d’assurer le débit sanguin, mais il rencontre des difficultés. Les conséquences et risques d’un cœur âgé peuvent être multiples : attaque cardiaque, accident vasculaire cérébral, développement d’une maladie chronique du rein, développement d’un diabète…

De nombreux facteurs de risques

Le premier facteur est le tabac. Puis, d’autres facteurs interviennent, tels que, le taux de cholestérol, le diabète, l’hypertension artérielle, l’alcoolisme, une alimentation trop riche en gras, le surpoids, l’obésité, le manque d’exercice physique, la sédentarité, et, malheureusement, les antécédents familiaux. Le Dr Florence Pinet, directrice de recherche à l’Institut Pasteur de Lille, rappelle également les inégalités face aux risques de contracter ces pathologies. Veiller sur son cœur et le préserver, c’est prendre en considération l’ensemble des facteurs de risques et changer ses habitudes de vie.

Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque est une pathologie fréquente, touchant davantage les personnes âgées, mais n’épargnant personne. Elle se caractérise par l’incapacité du cœur à pouvoir fournir un débit sanguin suffisant pour les besoins de l’organisme. L’insuffisance cardiaque se développe généralement lentement après une lésion cardiaque dont l’origine peut être causée par une crise cardiaque (origine ischémique), une fatigue excessive du cœur après des années d’hypertension non traitée ou un diabète.

Dans le cas de l’insuffisance cardiaque d’origine ischémique, le cœur se dilate progressivement, et devient plus gros. Les complications peuvent être très sérieuses. Plus l’infarctus est important, plus le risque de développer une insuffisance cardiaque est élevé. De plus en plus de personnes sont touchées par l’insuffisance cardiaque, notamment avec le vieillissement de la population. En France, on dénombre 500 000 cas. Le taux de survie cinq ans après le diagnostic est d’environ 50%.

Les recherches à l’Institut Pasteur de Lille

De nombreuses équipes au sein de l’Institut Pasteur de Lille luttent chaque jour afin de comprendre et de traiter les maladies cardiovasculaires.

Anticiper, prévenir, intervenir avant l’installation de l’insuffisance cardiaque, telle est la volonté de l’équipe du Dr Florence Pinet. Les recherches qu’elle mène pourraient permettre de prévenir l’insuffisance cardiaque chez les personnes ayant souffert d’un infarctus du myocarde (réduction du flux sanguin). On parle alors, d’insuffisance cardiaque d’origine ischémique.

Suite à un infarctus du myocarde, 30% des patients vont développer un remodelage ventriculaire gauche, c’est à dire une dilatation du ventricule gauche. Actuellement, il n’y a pas de symptômes et pas de moyen de le prévenir. C’est cette dilatation qui conduit à l’insuffisance cardiaque. “Nous avons un manque de facteurs prédictifs évident. C’est une grande difficulté pour les cardiologues parce que l’on peut avoir des échographies quasi semblables et avoir des évolutions délétères chez un patient, dans des délais assez brefs, de quelques mois à quelques années, alors que l’autre aura une survie très prolongée de plus de dix ans à plusieurs dizaines d’années“, explique le Pr Christophe Bauters, collègue du docteur Pinet et cardiologue au CHU de Lille.

Trouver des traitements adaptés

Deux cohortes regroupant 226 patients ont permis de trouver, grâce à un suivi hospitalier, 7 molécules pouvant prédire le remodelage du ventricule gauche. Parmi celles-ci, la molécule Lipcar a été validée comme marqueur prédictif. L’équipe poursuit ses travaux afin de développer un kit de dosage pouvant être utilisé directement à l’hôpital. “On essaie maintenant de trouver d’autres protéines caractéristiques de l’insuffisance cardiaque afin de déterminer quels sont les patients à risque et de leur proposer un suivi plus adapté.” souligne le Dr Florence Pinet. “Il y a 30-40 ans les accidents cardiovasculaires étaient mortels, aujourd’hui, on voit de plus en plus de personnes âgées vivre longtemps avec un système cardiovasculaire déficient. Mais si des progrès fabuleux ont été accomplis, on est encore loin d’avoir tout compris des mécanismes moléculaires qui entrent en jeu à l’intérieur des cellules cardiaques” précise le Pr Bart Staels.

Découverte

La clusterine, un biomarqueur pour prévoir les conséquences d’un infarctus et la mortalité précoce chez les patients insuffisants cardiaques

Malgré les progrès en termes de prévention cardiovasculaire, l’infarctus du myocarde demeure une pathologie fréquente, 12000 cas par an et 500000 personnes sont atteintes d’insuffisance cardiaque. L’infarctus du myocarde est une des principales causes d’insuffisance cardiaque. Après un infarctus du myocarde suffisamment étendu, le cœur subit des modifications délétères au niveau du ventricule gauche regroupées sous le terme de “remodelage ventriculaire gauche”. Ce phénomène ne peut être détecté par échographie qu’après un suivi de un an et entraîne bien souvent une réhospitalisation ou un décès pour insuffisance cardiaque. Bien que plusieurs facteurs de risque aient été identifiés (surpoids, obésité, tabac, cholestérol), l’évolution du remodelage ventriculaire gauche reste difficile à prédire. A l’Institut Pasteur de Lille, des chercheurs ont mis en évidence un nouveau marqueur biologique de ce phénomène. Cette découverte pourrait aider à identifier les patients susceptibles de développer un remodelage ventriculaire gauche important post-infarctus et ainsi améliorer leur diagnostic et leur suivi. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Circulation Heart Failure.

C’est la première étude qui montre la relation entre les taux plasmatiques de clusterine et le remodelage ventriculaire gauche post-infarctus, suite à une découverte par analyse protéomique. L’origine de l’augmentation des taux de clusterine est en partie cardiaque, consécutive à une hypertrophie des cardiomyocytes et fait intervenir la voie de signalisation ERK1/2. Une augmentation significative des taux de clusterine au niveau cardiaque a aussi été mise en évidence dans les biopsies de patients insuffisants cardiaques. Les taux de clusterine plasmatique sont prédicteurs d’une mortalité précoce chez les patients insuffisants cardiaques.

L’Institut Pasteur de Lille, vivier de nombreuses recherches sur les pathologies cardiovasculaires

Récepteurs nucléaires, maladies cardiovasculaires et métaboliques

Le système immunitaire et inflammatoire et le métabolisme sont étroitement liés comme le révèlent les fréquentes associations entre les maladies inflammatoires ou auto-immunes et les pathologies cardiométaboliques. Les mécanismes cellulaires et moléculaires qui expliquent ces associations demeurent très mal compris. Aussi, le ciblage du système immunitaire comme approche thérapeutique dans le domaine des maladies métaboliques reste un domaine largement inexploité, tandis que les modulations du métabolisme comme stimulateurs des défenses immunitaires n’ont été que très peu prises en compte jusqu’à présent.

Combinant son expertise de longue date dans le domaine de l’immuno-inflammation et son expérience dans le domaine du métabolisme, le Dr David Dombrowicz, Directeur de recherche Inserm dédie ses recherches à l’étude du dialogue entre immunité et métabolisme, notamment dans les maladies cardiovasculaires.

Les récepteurs nucléaires sont activés par des dérivés lipidiques et présentent un intérêt particulier dans le cadre de ces recherches, car ils sont impliqués dans le contrôle des processus immunitaires et métaboliques et peuvent être ciblés pharmacologiquement par de petites molécules synthétiques.

Découverte d’un nouveau test rapide du succès de l’implantation de valve par voie percutanée

En 2016, les docteurs Sophie Susen et Eric Van Bel, ont découvert un nouveau test rapide du succès de l’implantation de valve aortique par voie percutanée. Cette découverte, fruit d’une collaboration entre l’Institut Pasteur de Lille, le CHU de Lille, l’Université de Lille et l’Inserm, permet de contrôler, à partir d’une simple prise de sang, la bonne implantation de valve aortique lors de son remplacement chez des patients ne pouvant pas supporter une chirurgie à cœur ouvert.

Les résultats des équipes ont ainsi validé le “facteur Willebrand” en tant qu’indicateur de diagnostic fiable pour vérifier le bon positionnement de la nouvelle valve du patient. Le ” facteur Willebrand ” est également fiable pour contrôler l’efficacité du traitement et prédire la mortalité à un an.

Chirurgie cardiaque : des travaux prometteurs pour réduire encore les risques de complications

Très récemment, les travaux des professeurs David Montaigne et Bart Staels, Institut Pasteur de Lille, CHU de Lille, université de Lille et Inserm, ont démontré que le manque d’oxygène dont souffrent les cellules cardiaques lors d’une intervention chirurgicale était mieux supporté par le patient l’après-midi que le matin.

En cause, un récepteur nucléaire, le Rev-ErbA, plus présent dans l’organisme en début de journée et qui augmente la sensibilité du cœur à l’ischémie (privation d’oxygène). Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe a suivi près de 600 patients opérés du cœur au CHU de Lille entre 2009 et 2015. Les résultats sont clairs : les complications ont été moindres chez les patients opérés l’après-midi. Les deux professeurs mènent actuellement des travaux pour mettre au point un traitement permettant de limiter temporairement la production par l’organisme de ce récepteur nucléaire. Le défi est de taille : même si les complications sont le plus souvent bien maîtrisées par les équipes chirurgicales, la mise au point d’un tel médicament permettrait d’opérer un patient à n’importe quel moment de la journée (notamment en cas d’urgence) avec un égal niveau de chances de réussite.

Thématique de recherche

cancers pasteur lille